vendredi 6 mars 2009

Cours alternatifs: programme de la semaine du 9 au 13 mars

Lundi 9 mars:
9-11 h: Vincent Ferré: Débattre, argumenter. Pour les L1 mais ouvert à tous. B 103
12-13h30: Vincent Ferré: Lecture d'Une chambre à soi de V. Woolf. Pour les L2-L3 mais ouvert à tous. D 104

14 h : Anne Larue: Image et propagande: Art et Pub (suite)
15h : Mathilde Lévêque: Contes et Politique
Pour les groupes inscrits en texte et image et en litterature de jeunesse, ouvert à tous.
RV forum.


Jeudi 12 mars:

10h30-12h: Pierre Zoberman: La Princesse de Clèves, symbole du mouvement de résistance contre la destruction de l'université. Ouvert à tous.
13h30-15h: Veronique Bonnet, Mathilde Lévêque: Littérature de jeunesse guadeloupéenne. Ouvert à tous.
RV Forum.

Venez nombreux!

NOUVEAU PROGRAMME THEATRAL / ANNULATION REPRESENTATION MERCREDI : C'EST JEUDI 12 APRES-MIDI A 15H "CAFE EXPO", premier ét. cafétéria.

Marc Kober, Anne Larue (département littérature), Carole Bedou et Mona Feltrini (Action artistique et culturelle) invitent les étudiants et tout le personnel de Paris 13 à assister à la représentation de la pièce de S. Alexandrian, "Socrate m'a dit", jouée par A. Politi et sa compagnie, avec musiciens, au CAFE EXPO, à partir de 15h00 sur le Forum, au dessus caféteria.
Ce programme fait suite à la conférence d'A. Politi mardi 3 sur le thème de l'insurrection étudiante en Grèce, et sur le rôle du théâtre alternatif dans les démocraties européennes.
Les étudiants L2 (dramaturgies) sont chargés d'analyser la pièce et de préparer un
débat à venir avec A. Politi sur ses choix dramaturgiques, etc.



Pour le cours "Littérature de jeunesse guadeloupéenne", quelques textes:

- Tu es bien maigrichonne, toi ! Quel âge as-tu ?
Rose-Aimée mentit : Bientôt quinze ans…
- Quinze ans ? Montre-moi tes papiers d’identité…
Papiers d’identité ! Qu’est-ce que c’était que cela? Rose-Aimée n’avait jamais rien possédé de ce genre. Le patron s’aperçut de son trouble et éclata de rire.
- Je parie que tu n’en as pas ! Tu sais que je pourrais te faire arrêter par les Tontons Macoutes ? Ils n’aiment pas que vous traîniez en ville. D’où viens-tu ?
- Je viens de Limbé, Monsieur.
- Je parie que tu ne sais ni lire ni écrire…
Curieusement, Rose-Aimée s’apercevait, malgré son chagrin, que tous ces éléments négatifs jouaient en sa faveur. Elle le sentait, elle allait être engagée précisément parce qu’elle était sans défense et qu’on pouvait tout exiger d’elle. Elle ne se trompait pas, car le patron déclara :
– C’est bon. Tu peux venir demain. Tu seras dans les équipes de nettoyage. Tu sais manier le balai au moins…

Maryse Condé, Rêves amers, Paris, Bayard jeunesse, 2001, p. 52-53, (première publication : 1987, sous le titre Haïti chérie).


"Mon nom, c’est Djinala. J’ai quatorze ans. Je vis en Guadeloupe, à Quartier Roucou. Il n’a pas une bonne réputation, ce coin-là, on ne le montre pas sur les cartes postales. Et pourtant, on est au bord de la mer : il y a une belle plage plantée de cocotiers à deux pas de la case où j’habite avec ma mère, ma sœur et mon frère. Parfois on aperçoit des touristes égarés. Ils prennent en photo les cocotiers, les pêcheurs, réparant leurs nasses auprès des canots, les femmes et les enfants devant les cases. Mais notre quartier n’est pas vraiment touristique.
Quartier Roucou c’est la misère, dit manman.
Ici tout le monde attend quelque chose et surtout demain, comme un bon morceau de fruit à pain. Il y en a c’est une allocation du gouvernement. D’autres, c’est un travail. Et la majorité, c’est un logement neuf dans les immeubles en construction, à la sortie du bourg, que monsieur le maire a promis aux « défavorisés » pendant la dernière campagne électorale. Le soir, les femmes sont assises sous leurs vérandas. Elles causent des immeubles. Elles surveillent de loin l’avancée des travaux et s’imaginent en train de monter les escaliers et fermer les portes à clé derrière elles. Elles rêvent de dire à ceux qui les appellent « les Gens Roucou » : C’est fini, ce temps-là, nous n’habitons plus Quartier Roucou. Nous avons déménagé. Nous sommes maintenant en appartement… »
"Ah ! Ce jour-là, dit manman en levant les bras vers le ciel, Dieu miséricordieux, ce sera une belle victoire !
Chaque jour qui passait apportait un peu plus de haine à Quartier Roucou. Les enfants des exclus n’avaient plus le droit de jouer avec ceux des élus. Des querelles et des cris mettaient le feu aux bouches. Des histoires anciennes et déjà enterrées ressuscitaient miraculeusement. Et ceux qui avaient travaillé coude à coude pour la gloire du groupe des Nèg Mawon et l’honneur de quartier Roucou avaient perdu jusqu’au souvenir de leur belle amitié.

Gisèle Pineau, Case mensonge, Bayard jeunesse, 2004, (première publication : 2001, Je bouquine).


A lire aussi, ce poeme de Daniel Maximin:

NATALE


la pluie aime pleurer
le beau temps aime sourire
alors le soleil consola la pluie
Jean-Daniel



Ile-désert
ailes amerries
pour ascendance
quatre continents pour édifier une île
la peau plus neuve de mémoire nue
ici
les résidents semblent de passage
la foule désertée la servitude splendide
le paysage plus essentiel que le pays
terreau d’excès d’abus
révoltes fauchées récoltes sans semer
persiennes trop étroites et sèves effeuillées
le destin bien caché derrière le fatalisme

mais la noirceur lucide du soleil
en bouclier d’écorces protège nos chairs à vie
esclaves en surface
nous avons gagné la profondeur
la cale et les grands-fonds où s’ancrent les dérives
trop neuves pour le bonheur nos musiques improvisent
sauvant l’amour même sans le partager
gardant le rythme même sans tambours
le Carême démasque les cendres d’hivernage
en réserves de rires pour l’avenir blessé
et les îles émergent en filles-caraïbes
le soleil battant fier sous la dentelle des coeurs

sorcières et sourciers sans sources ni boussoles
nous avons enraciné
l’illégale plantation de nos coeurs légitimes
en flèches de canne dressées contre les balles de coton
à coups de nos soleils contre le mal bien fait
nous avons recouvert l’Amérique
déshabillé les conquérants
domestiqué le déracinement
nous avons invité la révolte sans le ressentiment
la patience volcanique plus forte que l’espérance
la puissance sans papiers le marronnage sans chiens
nous avons même accepté de paraître accepter

et
par nature sans faune sauvage
nous cultivons à coeur le colibri
pour édifier au monde son nid fragile et sûr:
les Antilles
îles battues
îles combattues
îles belles
îles bâties


Daniel Maximin

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